Conflit social
Le Président des sous-traitants se désolidarise  de la grève
  Alors que Victor  Ekang Esseing estime que tous les préalables n’ont  pas  été respectés, certains de ses  collègues le soupçonnent d’avoir perçu de l’argent pour  désister.
Sauf si elle est silencieuse, la grève annoncée pour hier lundi 11 juillet 2016 par  les prestataires du concessionnaire public de l’électricité  au Cameroun, Energy of Cameroon (ENEO) n’a plus eu lieu.  Aucun sit-in n’a été observé devant la direction générale Eneo, encore moins   sur les différents chantiers dans lesquels les  entreprises sous-traitantes y sont engagées. Rien ne laisse filtrer sur cette volte-face. Tout ce qu’on sait, c’est que certains membres  de l’Association des entreprises d’électricité et d’eau du Cameroun (Aseelec) et  leur président Victor  Noé Ekang Esseing ne sont pas sur la même longueur d’onde. Surtout en ce qui concerne la tournure des événements.    Alors que celui-ci  se désolidarise de cette grogne,  le camp d’en face  l’accuse de traitrise. « Aseelec en tant que mouvement national n’est pas impliqué dans cette grogne.  C’est un certain nombre de personnes qui ont lancé cette grève ;  elles l’ont fait sans respecter  la procédure. Le préavis de grève doit être déposé 15 jours avant à la direction générale. Ce sont quelques agités qui veulent nous créer des problèmes », accuse Victor Ekang, joint au téléphone, avant de rappeler la place  qu’Eneo Cameroon occupe  dans le portefeuille client du groupement. «  Eneo  est la poule aux œufs d’or.  Si elle  meurt nous tous on meurt  avec elle », avertit  le président.
  Si le discours de ce dernier tant à prôner l’apaisement,  les autres prestataires du concessionnaire public de l’électricité   ne l’attendent pas cette oreille. Le président national d’Aseelec, dénigrent-ils, aurait  subi  d’énormes pressions  et perçu de l’argent  pour se dissocier de cette manifestation. «  Nous l’avons consulté avant de déposer le préavis de grève ;  le président  nous a confié au téléphone  qu’il était de tout cœur avec nous. Il a même  dit  que quelqu’un d’autre peut signer la lettre de préavis vu qu’il n’est pas dans la ville de Douala », étale  un chef d’entreprise, en promettant que  l’actuel président sera remplacé. L’autre élément de réponse  qui pourrait justifier ce retournement serait   la réunion  de concertation entre le concessionnaire et ses sous-traitants.  Certains prestataires auraient en effet rencontré  le  DG d’Eneo au cours de la matinée d’hier.  Mieux, «  l’on est en train de traiter leurs dossiers preuve que nous dialoguons en permanence », nous a rassuré une source au sein de la direction générale.
En attendant d’y voir plus clair,  c’est une partie de ping-pong qui se joue entre Victor Ekang et une partie des adhérents. La lettre de préavis signé du secrétaire général national d’Aseelec, Simon Lapnet fait suite au non-paiement  des prestations depuis octobre 2015 par la structure que dirige Joël Nana Kontchou. Aussi le fait que «l’actuel DG avait promis de régulariser notre situation au plus tard le 30 juin 2016, mais rien n’a été fait jusqu’ici. Plus grave, il a toujours refusé de nous rencontrer, malgré les multiples démarches, préférant nous envoyer des directeurs qui n’ont pas le droit de signature. Nous réclamons beaucoup d’argent à l’entreprise. Sans compter les 4,5 milliards de FCFA que nous devait Aes Sonel, et que l’entreprise a promis  régler, dans le cadre du passif d’Aes », expliquait  dans les colonnes de LQE un prestataire la semaine dernière.
Christian Happi
Eneo investit 5 milliards au premier trimestre 2016
Cet argent a permis  au concessionnaire d'entre autres de réparer ou remplacer certains poteaux et augmenter de 21% les branchements  neufs.
 Depuis quelques temps, Eneo Cameroon, le concessionnaire public de l’énergie électrique,  investit d’importants  sommes d’argent sur  son réseau de distribution en vue d’améliorer la qualité de service.  Cette année, le coût de  ces  investissements s’élève, au premier trimestre 2016,  à un 5,25 milliards de FCFA contre  environ 3,80 milliards de FCFA durant la même période  l’an dernier.  Soit une augmentation de 38 %.  La même croissance est observée  dans l’achat de l’énergie et du carburant qui, selon une source interne à l’entreprise,  ont augmenté respectivement de 20 % et 25%. En clair, l’énergie achetée par Eneo Cameroon  pendant les trois premiers mois de l’année civile se  chiffre à   16,62 milliards de FCFA contre  13,81 milliards de FCFA.  Les dépenses liées à  l’achat du carburant  sont passées quant à elles, de  8,95 milliards de FCFA pour atteindre 11,22 milliards de FCFA selon les statistiques dont LQE a eu copie.
   De même que  les dépenses liées  à la modernisation du réseau, le nombre de poteaux réparés ou remplacés par la société est en hausse de 178%. Il  était au premier trimestre 2016 à 18,342  contre 6 600 pendant la même période l’année passée tandis que la capacité de production additionnelle quitte de 20 MW pour se situer à 44 MW, apprend-on.  Par ailleurs les taxes versées au trésor public  sur le même intervalle s’élèvent  à 8,55  milliards de FCFA  contre 7,73 milliards de FCFA. Soit une augmentation de 10%.
  Si les différents  travaux  engagés  par Eneo  visent à améliorer la qualité de service, il n’en demeure pas moins qu’ils   entrainent des conséquences  plus ou moins positives sur la continuité du service. Au premier trimestre de cette année par exemple, la moyenne totale d’interruption du service vu par un client croit de 40%, passant de 55 h en 2015 à 77 h. C’est le même bond  au niveau de la durée moyenne d’interruption du service due  à l’intensification des travaux programmés. Elle  part de 5,3 h pour atteindre  26,9  h soit une hausse de 403%. Alors que la durée moyenne d’interruption du service due aux  délestages et aux incidents  est de 50,1 h contre 52,5 h, le nombre de requêtes clients, nous renseigne un cadre au sein de l’entreprise, est de  25,619  contre  38,847. Tout comme les autres services, les chantiers  entrepris sur  le réseau de distribution ont boosté le portefeuille clients du concessionnaire. Son nombre de branchements  neufs    qui était de 15,755   se situait au premier trimestre à environ 19,110, ce qui fait  un délai moyen d’exécution des branchements  10 jours.
Christian Happi
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