Industrie locale
Davantage de  normes pour sauver « le made in Cameroon »
Près  de 300  entreprises répertoriées  dans 12 secteurs  d’activités   sont  menacées  de fermeture  à cause de l’importation des produits ne respectant pas les normes camerounaises.
Il n’est pas rare, aujourd’hui,  de trouver sur le marché camerounais des produits de marques étrangères. Malheureusement, ces  importations à  l’image de la cargaison  de barres chocolat et confiseries retirée en fin de semaine dernière sur le marché par le Mincommerce,  ne respectent pas toujours les normes locales.  Ce sont ainsi une centaine de produits sur  une liste de 1500  ( agro-alimentaire, boissons gazeuses,  sucre,  biscuits,  textiles métallurgie,  cahiers) « made in Cameroon » et à peu près 300 entreprises répertoriées  dans 12 secteurs  d’activités  qui sont en ce moment menacées de fermetures du fait de ces aliments,  a-t-on appris  lors de la troisième édition de la Semaine nationale de la qualité, (SENAQ 2016)  organisée du 21 au 23 avril dernier à Douala  par l’Agence des normes et de la qualité (ANOR) sur le thème «  Normes et évaluation de la conformité au cœur des stratégies de création des richesses et d’emplois ».
Par ailleurs le Cameroun, en plus d’être saturé de produits impropres, est un véritable dépotoir des pâtes alimentaires importées. On y dénombre une centaine de marques  dont la majorité ne  prend pas en compte la réglementation en vigueur selon Cyrille  Djofang, DGA de la Pasta S.A.  A l’en croire les  opérateurs économiques qui importent les pâtes  alimentaires n’ont pas les mêmes contraintes que les industriels locaux. « On(les importateurs) leur demande juste des attestations de vérification  qui sont basées sur l’analyse documentaires sans un contrôle préalable sur la qualité des produits à importer », dit l’intervenant.  Alors que, les entreprises locales, pour avoir les certificats de conformité les autorisant à mettre  leurs produits sur le marché,  doivent faire une analyse non seulement documentaire mais aussi  une analyse des intrants  de production,  du processus de production,  des outils industriels avec  des recommandations à mettre en œuvre.
 Comment donc y remédier ? Les experts  réunis au SENAQ 2016 proposent  l’assainissement du marché en rendant obligatoire les normes qui concernent ces 100 produits.   «  Il faut identifier les produits qui ne répondent pas à nos normes et les retirer systématiquement du marché. A la guerre comme à la guerre »,  a préconisé Martin Yankwa Inspecteur général  au ministère  de l’Industrie, des mines et du développement technologique.
De même que  l’implémentation du Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement (PECAE), va retirer à 50% ces produits  du marché,   les experts souhaitent que ce dispositif  soit vulgarisé dans tous les secteurs d’activité au pays.  Que le budget de l’Etat le financer, aider le secteur privé à certifier tous ses produits, à améliorer leur compétitivité à travers la certification, leur mettre à niveau sur le plan technologique, promouvoir la transformation locale et saturer la demande locale de tous les produits. « La norme peut être une barrière  pour les importations. Il suffit de se mettre ensemble (SGS, l’ANOR, les producteurs), prendre des mesures en mettant sur  pied les normes qui n’existent pas encore et  en contrôlant leur mise en application », suggère Martin Yankwa lors de son exposé sur «  Le rôle de la normalisation dans la protection de l’industrie locale : outils d’accompagnement de la mise à niveau de la qualité dans les entreprises privées et les administrations publiques ».
 Christian Happi
Normalisation
Une centaine d’entreprises  à certifier d’ici 2020
L’application  des normes dans certaines sociétés révèle une nette amélioration  de la qualité des produits et des performances managériales et un renforcement de leur compétitivité.
L’Agence des normes et de la qualité (ANOR), bien qu’elle soit  encore toute jeune( créée en 2009),  a déjà  porté  le catalogue national des normes d’environ 300 en 2011 à 1708 normes camerounaises en décembre 2014. Des chiffres  qui seront d’ici quelques années revus à la hausse puisque l’agence  ambitionne de certifier au moins 100 entreprises  à l’horizon 2020. «  Je  précise que ce n’est pas le nombre  des normes qui fait la compétitivité d’une économie mais plutôt l’adéquation des normes disponibles  avec des besoins réels  et ciblés  d’une économie en quête de performance », a rappelé Charles Booto a Ngon, le Directeur général de l’ANOR  à la cérémonie d’ouverture de la troisième édition de la Semaine nationale de la qualité, (SENAQ 2016)  organisée du 21 au 23 avril dernier à Douala sur le thème «  Normes et évaluation de la conformité au cœur des stratégies de création des richesses et d’emplois ». A l’en croire,  le suivi  par son agence, de l’application  des normes dans certaines entreprises telle Chococam, révèle non seulement une nette amélioration  de la qualité des produits et des performances managériales de ces entreprises, mais également un renforcement de leur compétitivité marquée par une nette amélioration de leurs résultats.
Dans la même veine, si le groupe Nana Bouba et Biopharma gagnent des parts de marché à l’étranger, c’est  grâce selon  l’ANOR, au saut qualitatif qu’elles font à travers l’application des normes et un engagement  dans la démarche qualité à tous les niveaux de leur prise de décision. Cela dit, l’agence s’est engagée  avec l’appui  du gouvernement, à doter  l’Afrique Centrale  de « l’unique »  laboratoire de référence de métrologie. Cette infrastructure en cours de construction est, aux dires des experts, unique dans la sous-région de par ses caractéristiques  et les technologies de pointe utilisées pour sa  construction. Il sera opérationnel en 2017. En entendant, la structure comparativement aux pays comme la Tunisie, la France, est au bas de l’échelle en termes de normes.  Elle n’a en fait pas  d’outils  d’évaluation de la conformité,  pas de laboratoire national de contrôle de la qualité selon Martin Yankwa Inspecteur général  au ministère  de l’Industrie, des mines et du développement technologique.
 C.H.
Le PECAE opérationnel dès juillet 2016
Dès le début du mois de juillet 2016, le Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement des marchandises importées en République du Cameroun (Pecae), dispositif permettant de réduire l’arrivée sur le territoire des produits importés ne répondant pas aux normes, sera opérationnel.  C’est qu’a indiqué Ernest Gbwaboubou, ministre des Mines, de l’industrie et du développement technologique lors de la cérémonie de clôture de la troisième édition de la Semaine nationale de la qualité, (SENAQ 2016)  organisée du 21 au 23 avril dernier à Douala «  J’exhorte  le Directeur général de l’ANOR à accélérer  les activités  de mises en œuvre  effective de ce programme pour lequel le gouvernement attache un grand prix, afin qu’il soit effectivement opérationnel dans des meilleurs délais », a  recommandé le ministre avant de s’adresser plus loin  aux opérateurs économiques et aux administrations concernées  par le PECAE : «  je les exhorte à accélérer  les processus préalables à la mise en œuvre effective du PECAE et leur adhésion totale à la réussite de ce programme ». Par conséquent, des décisions de nature différente ont été prises sous forme de recommandations au terme des travaux : s’approprier  et vulgariser  le PECAE au sein des administrations publiques et parapubliques, les organismes  du secteur privé,  les organisations de la société civile… mettre  à la disposition de tous les pays principaux partenaires commerciaux du Cameroun, le PECAE, adapter la loi sur la normalisation aux exigences de la modernité et  rendre opérationnelle l’antenne  ANOR de Douala.

 

 

 

 

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