Transport public
 Les recettes en baisse  dans le transport aérien et terrestre
 Dans les compagnies aériennes, cette érosion des recettes commerciales se manifestent par  la baisse du trafic entre le Nigeria et le Cameroun qui a vu la suspension des opérations des  compagnies Arik Air.
Les voyageurs contribuent de moins au moins au fonctionnement des réseaux de transport public.  Avec une baisse des activités qui se  traduit par le chiffre d’affaires qui est en net recul, les compagnies aériennes et les agences de voyages font partie des premières victimes. Cette érosion des recettes commerciales se manifestent par  la baisse du trafic entre le Nigeria et le Cameroun qui a vu la suspension des opérations des  compagnies Arik Air et Camair-co et une réduction des fréquences d’Asky Airlines. A ce rythme, « les conséquences à moyens et à long termes est qu’on risque de voir les compagnies réduire leur fréquence de vol et la fermeture pure et simple des agences de voyages qui ne pourront plus supporter les charges », déclare James E. Tonyang, Sales & Marketing Manager  à Moabi Group, une agence de voyages.
À la lecture des observateurs, la baisse d’activité est étroitement liée à la crise pétrolière mondiale qui affecte de façon significative les pays du golfe de Guinée dont le pétrole est la principale ressource économique. Notamment la Guinée Équatoriale, le Gabon, le Congo, le Nigeria. Par ailleurs, apprend-on, les chiffres de l’industrie sont en hausse de 1.7%. « Ce paradoxe peut s’expliquer par l’augmentation du trafic Europe Amérique Asie vers l’Afrique Centrale attirés par les  projets structurants qui attirent les potentiels », pense   James E. Tonyang.

 

 Dans le transport urbain, les indicateurs ne sont pas  aussi bons. Chaque année, la recette journalière d’un taximan  diminue. Elle était de 10 000 FCFA il y a 10 ans. Elle n’est plus que de 8 000 FCFA voire moins aujourd’hui. Une tendance dangereuse qui a contraint certaines personnes à abandonner cette activité.  Le recul, fait valoir  Thomas Njang Tabi, président national du syndicat national des conducteurs des bus, mini-bus, car et assimilés du Cameroun (Syncobucam), s'explique notamment par la présence des mototaxis dans les artères de la ville. «  Beaucoup de personnes privilégient les  mototaxis  pour deux raisons : premièrement parce qu’ils déposent le client devant la porte de sa maison ; ce qui n’est pas le cas des taxis.  Et deuxièmement à cause des embouteilles liées aux mauvais états des routes. Nous savons tous que les Benskineurs faufilent entre les voitures », explique-t-il.
  Les problèmes sont les mêmes  dans  le transport interurbain. La multiplicité  des agences de voyages fait que la situation des transporteurs soit marquée par une baisse vertigineuse du profit.  Officiellement fixé à 3850 FCFA par passager, le coût du transport entre Douala et Yaoundé coûte aujourd’hui 2 000 FCFA dans les agences de voyages. «  Si le coût était maintenu à 3850 FCFA par passager, un véhicule de 70 places gagnerait 269 500 FCFA. Au lieu de ça, c’est plutôt 129500 FCFA qu’on gagne  par voyage »,  affirme le Robert Feumba,  président départemental du syndicat national des chauffeurs de taxis, cars, autobus et assimilés du Cameroun (SN. Chautac).
 Christian Happi
Solution
  La baisse du carburant à la pompe pour amortir le choque
Pour les observateurs, cette solution permettrait  à tous les transporteurs de relever leurs recettes journalières.
Le transport public urbain  est en difficulté. Cette situation se manifeste par la chute des recettes commerciales notamment dans le sous secteur de transport par moto taxi.  Ernest T., 30 ans, est l'un des milliers conducteurs de mototaxis de Douala, capitale économique du Cameroun. Ses revenus journaliers qui s’élevaient aujourd’hui à 6 000 FCFA au lieu de 8 000 FCFA jadis. «  Je dois travailler de 6h à 15h pour avoir 5000 FCFA alors qu’avant, il me suffisait de bosser de 6h à  midi pour avoir ce montant », témoigne le jeune homme.
A part la conjoncture, la baisse d'activité dans le sous secteur est due à une augmentation du nombre de moto. Il est passé de 150.000 en 2014 à plus de 300.000 motos en 2017, révèle  Hilaire Nzouakeu, président national de l’Association pour le développement et le bien-être des mototaxis. « Ce phénomène se manifeste par l'affluence de motos dans les différents artères de la ville d'une part et la hausse du coût de carburant d'autre part, », explique le responsable.
Pour s'en sortir, les acteurs du secteur (y compris les taximans) préconisent la baisse du prix de carburant à la pompe qui pourrait amortir le choque ; la subvention des projets porteurs, exclusivement réservé aux motos taximen… Du côté des compagnies aériens, plusieurs pistes doivent être explorées afin d’inverser la courbe. « Leurs stratégies dépendent du flux de passagers disponibles et elles se battent pour être compétitives. Quant aux agences de voyages elles doivent se réinventer en mettant un accent sur une activité qui relève de leur compétence et pourtant négligée à savoir le tourisme (domestique ou local) qu’ils ont longtemps délaissé au profit de la vente des billets d’avion », explique James E. Tonyang, Sales & Marketing Manager  à Moabi Group. « Elles doivent aussi envisager une diversification de leurs offres en proposant les services en ligne et les paiements électroniques qui créent de la valeur ajoutée. Le temps de la vente exclusive de billets d’avion est révolue car il y a trop d’acteurs dans ce secteur et les marges sont de plus en plus infimes et quasi nulles », conclut l’expert.
 C.H.
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