eaupotablehappi.jpgLes populations d’Oyack éprouvent des difficultés pour se procurer de l’eau potable. Elles sont obligées de se battre tous les jours dans des sources qui ne respectent pas toujours les normes d’hygiènes.

 

Quartier Oyack. Il est 4h du matin. Tous les membres de la famille Kameni sont debout. Chacun tient en main soit un sceau, soit un récipient ou une bassine. « Nous allons puiser de l’eau à la source ; à cette heure, il y a sûrement personne » lance Bernard Kameni le père de famille avec les yeux lourds de sommeil. « On n’a pas le choix ; on en aura besoin » nous confie  Landry l’aîné de la famille en prenant la direction des eaux.

Comme cette famille, ils sont nombreux, les hommes et femmes qui se lèvent chaque matin de bonne heure pour aller chercher de l’eau potable dans les deux sources que compte le quartier Oyack. D’après les témoignages des riverains, il est très difficile, voire impossible de se procurer de  l’eau en journée. Les gens s’y succèdent. Un véritable défilé. «La source est toujours débordée. On y voit toujours les gens» souligne Christine Talla « il faut 15 à 30 minutes pour avoir de l’eau » poursuit-elle

Ce difficile accès à l’eau potable se complique davantage en saison sèche. Les habitants des quartiers environnants comme Bilonguè, Soboum, cité de billes, Madagascar affluent. « Ce n’est pas du tout évident en ce moment en saison sèche. On doit se battre » affirme Diane

A cela s’ajoute les grossières coupures d’eau par la Camwater.

Cependant, si d’aucun jugent que ces sources sont toujours noires de monde, d’autres par contre, estiment que les choses ont abondamment évolué. A en croire les autochtones de ce quartier populeux de l’arrondissement de Douala 3ème, les bagarres et autres coups de gueules  qui faisaient sa mauvaise réputation ont cessé. « Je me souviens qu’à l’époque, des gros bras venaient à l’eau et chassaient tout le monde avant de se servir » évoque Emmanuel « Il y avait de jours comme de nuits, de longues files d’attentes. Certains y passaient même toute la journée juste pour avoir la denrée rare ».

 

Anecdotes

 

Il faut dire que dans les années 80 et 90, les sources d’Oyack avaient une sale popularité. Il ne se passait pas un jour sans que des bagarres et des blessures à coups de bouteilles ne soient signalées à la force de maintien de l’ordre. Les habitants en perdaient leur la tranquillité. « Les choses ont changé ; ce n’est plus la  même époque » parle Dieudonné qui porte encore sur son torse les cicatrices d’une folle bagarre qui l’avait opposé à l’époque avec un « gros bras ». « Il avait osé empêcher mon petit frère de puiser de l’eau ».

 «  Il suffit de venir à n’importe quelle heure de la matinée et imposer sa loi » dénonce Hermine. « C était vraiment rude. Personne ne se laissait faire » achève-t-elle

Il arrivait même aux filles de lutter. « Elles se battaient, se déchiraient les habits, et se jetaient comme des bêtes dans l’eau jaunâtre de la source »  conte Christine Talla.

Les sources d’Oyack ont chacune un nom. Il y a la grande source et la petite. Dans la plupart du temps, la grande a plus d’affluence. Et pour cause, l’eau y coule beaucoup plus rapidement.

Concernant la date de création desdites sources, c’est le flou total. Les plus anciens du quartier se souviennent juste que dès leurs arrivées, dans les années 70 début 80, ces eaux existaient déjà

Les deux sources d’Oyack sont séparées l’une à l’autre par quelques maisons. Ses eaux sortent du sol. Elles ont été bien aménagées par les populations. « C’est nous qui l’avons ainsi cimenté ; pour qu’elles soient plus beau à voir » commente un riverain. « Une fois par  mois, les jeunes s’organisent pour découper les herbes qui jonchent les abords et drainer les eaux usées ».

Certes, les eaux de ces sources sauvent des vies à Oyack et dans les quartiers environnants, elles sont vues comme porteuse de maladies par certaines personnes qui tout simplement refusé de la boire. « Cette eau a un arrière goût. On a l’impression qu’elle contient du sel » admet Gabrielle avant de poursuivre « Je ne comprends pas comment les gens peuvent boire une eau aussi salée et ne pas tomber malade ».

Sortant du sol alors que des maisons d’habitation sont pêchées plus haut, les eaux des sources d’Oyack n’ont jamais bénéficié d’un contrôle préalable de la part des autorités en charge.

 

Christian Happi

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