Cahiers 

 

La hausse des prix plombent les dépenses 

 

Cet outil incontournable pour l’écolage des élèves va faire grimper les factures des parents.  

 

Les parents d’élèves n’en n’ont pas fini de revoir à la hausse leurs dépenses pour la scolarité de leurs enfants. Cette année « encore », les prix des cahiers, instruments indispensables pour les élèves, ont connu une hausse considérable sur le marché. Les paquets de cahiers de 288 pages par exemple qui se vendaient à 2500 FCFA en 2012, coûtent cette année  entre 2700 et 3000 FCFA. Chez les détaillants, les parents sont obligés de débourser 800 FCFA pour avoir un cahier de 288 pages. Pourtant, « il y a deux à trois ans ce cahier ne coûtait que 500 FCFA », s’indigne Charlotte Nkono, parent d’élève. 

Plusieurs parents d’élève rencontrés à la Librairie de Ndokoti à Douala, confient que cette année, les dépenses pour les cahiers ont doublé voire triplé. Père de quatre enfants, Carlos Kameni révèle  que l’année scolaire passée, il a déboursé 30.000 FCFA pour l’achat des cahiers de son fils en classe de 1ère. Mais, cette année la facture est passée à 50.000 FCFA pour sa fille qui a été admise pour la même classe. Pour les parents qui préfèrent les cahiers de marque pour leurs enfants, la facture est davantage salée. Sur le marché, le prix de ces cahiers très souvent importés ont subi une augmentation qui oscille entre 100  et 500 FCFA. Un cahier de 400 pages de marque prestige par exemple qui se vendait l’année dernière à 3000 FCFA coûte actuellement entre 3500 et 4000 FCFA dans les marchés et supermarchés.

Même les cahiers de marques camerounaises sont de plus en plus coûteux pour les parents. Au marché Mboppi, le paquet de cahiers de 200 pages fabriqué par la Société de fabrication de cahiers (Safca) est passé de 1800 FCFA (2012) à 2000 FCFA. La même hausse est perceptible sur les cahiers doubles ligne utilisés par les enfants de la Sil et CP. Au supermarché Arno au quartier Akwa à Douala, LQE a appris auprès d’un vendeur qu’un paquet de ce type de cahier se vendait autrefois à 1000 FCFA, mais depuis plus de deux ans, il coûte entre 2000 et 2500 FCFA. « Je suis déjà à 6000 FCFA pour les cahiers de mon fils qui va à la Sil. Il y a cinq ans de cela, je ne dépensais à peine que 5000 FCFA pour ces grands frères quand ils faisaient cette classe », révèle Nathanaël Ntamack, non sans se rappeler que dans les années 90, ces cahiers double ligne se vendaient à 50 FCFA l’une.

Les élèves qui n’utilisent que les rames de papiers comme cahiers feront « doublement » débourser leurs parents. La rame de papier sur le marché n’a pas échappé au vent de la hausse des prix sur les étals. Libraire, William Tema indique que  pour un carton de rame de papier de marque Canon les parents dépenseront 2500 FCFA contre 2100 FCFA l’année dernière. A l’en croire, ces rames s’écoulaient il y a quatre ou cinq ans à moins de 2000 FCFA. Un cadre à Safca rencontré explique que les prix des cahiers connaissent une hausse depuis plusieurs années, car « la hausse des prix de papier sur le marché ne cessent également de grimper…  ». 

Christelle Kouétcha 

  

Tenues scolaires 

 

Plus de 50.000 pour vêtir un élève 

 

L’uniforme scolaire reste cher pour les parents d’élève et renforce davantage les difficultés de la rentrée scolaire.   

 

C’est au minimum trois tenues scolaires que les parents devront acheter pour leurs enfants pour l’année académique qui s’ouvre ce mois de septembre 2013. Il s’agit notamment de la tenue de classe ordinaire, de celle de mercredi et de la tenue de sport.  De la maternelle au primaire, en passant par le secondaire, les dépenses pour les tenues ne « sont pas une mince affaire car chaque établissement scolaire exige des modèles », souligne Chantal Tia, ménagère. L'inscription d'un enfant dans un collège ou un lycée est le plus souvent conditionnée par l'achat sur place d'au moins un ensemble complet (pantalon ou jupe et chemisette). Déjà confectionnée, la tenue scolaire coûte entre 10 000 et 20.000 FCFA, soit 30 à 50 % plus cher que sur les marchés où on peut les trouver à au moins 7000 FCFA.

Ainsi, des parents ayant à la charge quatre enfants par exemple, déboursent plus de 40.000 FCFA pour la tenue scolaire. Une dépense considérée « lourde » par ces derniers. Mère de cinq enfants, Emilienne Tsangue, confie que dans les années 2000 elle déboursait environ 20.000 FCFA pour l’achat des tenues de ces quatre enfants, soit 5000 FCFA la pièce. Mais aujourd’hui, cette charge scolaire a connu une hausse de près de 20%. D’ailleurs, les parents qui préfèrent acheter le tissu avant de les confectionner ne seront pas à l’abri des hausses de prix. Cette année, ils débourseront entre 1200 et 2000 FCFA pour acquérir un mètre de tissu. Pourtant, il y a près de trois ans,  le même mètre coûtait seulement 1000 FCFA voire même moins, apprend-on auprès d’Ibrahim Bobo, importateur de tissus au marché Congo à Douala. D’après ce dernier,   le rouleau de tissus vendu l'année dernière à 25.500 FCFA, frôle depuis quelques temps la barre de 50.000 FCFA, soit une augmentation de 100%.

A côté de ces dépenses « exponentielles » sur les tenues scolaires, les parents sont contraints par les établissements scolaires de débourser des sommes qui oscillent entre 1000 FCFA et 2000 FCFA, pour acquérir des écussons qui seront estampillés sur les tenues. Un marché organisé par les établissements scolaires avec des particuliers. Ceux-ci, ont également mis en place des tenues dites de mercredi pour gonfler les factures des dépenses en tenues scolaires. Simple t-shirt estampillé de l’effigie de l’école, ces tenues de mercredi sont vendus au prix de 2500 FCFA voire 5000 FCFA. Et en plus, « ces tenues sont souvent faites avec des tissus légers que nous sommes obligés d’acheter  des nouvelles pièces chaque année aux enfants », s’indigne Chantal Tchuenkou, parent d’un élève au collège Saint Michel.

En plus de ces deux tenues, les parents vont encore dépenser entre 3500 FCFA et 5000 FCFA pour acheter les tenues de sport. Dans certains lycées comme le lycée bilingue de Nyalla, les parents sont obligés chaque année de changer les tenues de sport des élèves, car les couleurs diffèrent d’un niveau à un autre. Ainsi, pour la classe de 6ème c’est la couleur orange. Et, pour les classes de 5ème et 4ème, les tenues de sport sont respectivement de couleurs rouge et jaune…  Le paiement de cette tenue est souvent exigé dès l’inscription de l’élève. Ces frais supplémentaires d’après les parents étaient moindres il y a environ cinq ans, car « les écoles se contentaient de nous donner les couleurs des tenues de sport et nous allons au marché les acheter. Nous déboursions environ 2000 FCFA pour le t-shirt et le short », relève Romain Diwota, 

Christelle Kouétcha 

  

  

APE 

 

Une exigence financière de « trop » 

 

btsL’argent versé par les parents d’élèves pour l’aménagement des écoles augmentent au fil des ans. 

Les frais d’Association des parents d’élève (APE), fait partie des casses tête des parents au cours de la rentrée scolaire. Dans certains établissements scolaires, ces frais sont exigés dès l’inscription des élèves. Le taux de l’APE est variable d’une école à une autre. De la maternelle au secondaire, les parents doivent verser à l’établissement scolaire une certaine somme  d’argent comme contribution à l’APE. Le taux n’est pas fixe et change tous les ans dans les établissements scolaires. Au lycée bilingue de Nyalla cette année par exemple,  le frais d’APE qui étaient de 14500 FCFA l’année dernière est passé à 23000 FCFA. Un montant qui fait passer la scolarité de 27700 FCFA à 36200 FCFA pour le 1er cycle. Au Lycée  technique de Koumassi, il a été fixé à 15.000 FCFA cette année contre 10.000 FCFA l’année dernière. 

A en croire un cadre à la délégation régionale de l’enseignement secondaire pour le Littoral, l’APE a atteint les 30.000 à 50.000 FCFA dans des lycées et collèges de la capitale économique. Pareil dans les écoles maternelles et primaires, particulièrement celles en construction. Et, c’est tous les parents qui sont soumis au paiement de ces frais « même si c’est la première année qu’ils inscrivent leurs enfants », soutient un responsable du lycée d’Akwa. Frais pourtant pas obligatoire, les établissements scolaires les exige car disent-ils « la présence d’un enfant dans un établissement scolaire devient une obligation de fait, car l’élève va profiter de tous les conforts que l’argent des autres parents auraient permis d’être réalisés », estime Emmanuel Dibokwe, enseignant.

En plus, il faut relever que l’APE est versé pour le compte d’un seul élève. Ainsi, pour un parent qui inscrit près de cinq enfants dans un établissement où l’APE est fixé à près de 30.000 FCFA, il devrait en plus de l’inscription verser une somme de 150.000 FCFA. « Nous sommes d’accord que les élèves fassent des cours dans de bonne condition, mais il y a tellement de petits frais à coté qui sont un peu de trop », s’indigne Anicette Liale, parent. Elle confie qu’en moins de 5 ans, les frais d’APE dans le collège de ses enfants ont augmenté de plus de 50%. Il est passé de 5000 FCFA à 15000 FCFA aujourd’hui.  

D’après les responsables des établissements, les frais d’APE sont fixés par l’assemblée générale de l’Association des parents d’élève. Mais, plusieurs parents sont « souvent surpris à la rentrée scolaire du montant qui a été fixé car ils n’assistent pas aux réunions de décision », souligne un responsable du collège polyvalent.  Président d’une association des parents d’élève, Georges Nitendem, explique que l’argent versé par les parents d’élève comme frais d’APE permet en principe aux écoles de mettre en œuvre des projets. Il s’agit notamment, de la construction des classes, l’achat des bancs, le paiement des salaires des enseignants vacataires… 

Christelle Kouétcha 

  

 

Divers

 

Les accessoires scolaires aussi coûteux

 

Les prix de ces outils ont subi des hausses de plus de 30% sur le marché au grand dam des parents. 

Cartables, bâtons de colle, paquet de craies, étuis à crayon, stylos à billes, gommes… c’est devenu une véritable course à la montre pour les parents à toutes les rentrées scolaires. Mais, « tout ne semble pas si facile car même le plus petit matériel est devenu cher », fait remarquer Charlotte Zagang, parent d’élève. En effet, dans les librairies les petits accessoires scolaires ont subi une augmentation qui oscille entre 10 et 50%. Une gomme rotring qui se vendait autrefois à 50 FCFA, s’écoule aujourd’hui sur le marché à 200 FCFA la pièce.

Mère de trois enfants, Alexandrie Djamen, confie que depuis près de trois ans, elle est obligée de débourser plus de 20.000 FCFA pour les petits accessoires comme les compas, les stylo à billes, les règles, les trousses, les parapluie pour ses enfants. « Avant il me fallait au moins 10.000 FCFA pour acheter tous ces produits. Aujourd’hui, à peine j’ai acheté un paquet de stylo que je me retrouve ruiné », révèle-t-elle. Le paquet de stylo à billes de couleur bleu qui se vendait à 2000 FCFA il y a peine cinq ans coûte aujourd’hui près de 5000 FCFA. Les cartables, surtout ceux de marque, ne sont pas très accessibles aux familles à faible revenu. Aline élève en classe de 3ème, avoue que cette année, le même sac que ses parents ont acheté il y a deux ans à 10.000 FCFA, se vend aujourd’hui à plus de 15.000 FCFA. 

Les parents d’élèves, forcés de renouveler tous les fournitures scolaires de leurs enfants, tombent de nu devant les prix des plus petits outils. En espace de quelques années, le taille crayon en acier qui se vendait à 100 FCFA, se marchande actuellement entre 150 FCFA et 200 FCFA. Même l’ardoise utilisé par les enfants de la maternelle a connu une hausse vertigineuse. Les parents devront donc débourser actuellement 150 FCFA pour une ardoise à bois, qui coûtait seulement 50 FCFA il y a plus de 5 ans. Les vêtements pour accompagner les uniformes, notamment les chaussures, les pull-overs, les parapluies ou manteaux ne coûtent pas moins chers. A en croire Jean Paul Tchami, il faut prévoir aujourd’hui plus de 100.000 FCFA pour la tenue vestimentaire d’un élève. « Tout à augmenter et en plus l’on retrouve plus les produits importés sur le marché », relevé-t-il, non sans se rappeler des chaussures fabriquées par la société camerounaise Batoula qui était plutôt « abordables ».

Pour éviter d’être étouffé par les dépenses, plusieurs parents évitent d’acheter les accessoires de marques. D’autres par contre, préfèrent acheter le reste des accessoires au cours de l’année et à compte-goutte. « C’est vraiment difficile de tout payer en même temps, même quand vous prenez le crédit. Par conséquent, chaque année j’apprends à mes enfants de faire attention à leur affaires pour ne pas en acheter tous les ans les mêmes choses», indique Carine Kiubou, parent d’élève.

Christelle Kouétcha

 

Ecolage

 

L’inflation n’est pas prête de s’arrêter

 

Que ça soit le primaire ou le secondaire, la scolarisation des enfants est devenue très cher.

 

écoles clandestinesMichel T. est un parent d’élève.  Ce dernier vient d’apprendre, via une fiche de renseignements, qu’il va devoir payer  4 000 FCFA de plus pour inscrire sa fille Diane Tientcheu  en classe de terminale D. A  la vérité, c’est que pour la prochaine rentrée scolaire, l’écolage  pour les élèves de  la classe de terminale au collège Fotso Daniel de Douala va passer de 93 000 à 97 000 FCFA, soit une hausse de  4 000 FCFA. « Quelle est cette histoire. Chaque année, on augmente la pension dans les établissements scolaires », remarque Michel T. « Je me souviens qu’il y a quelques années, la pension n’était pas si chère à Fosto Daniel », ajoute-t-il, avant de conclure que l’éducation est devenue « un business ».  

 Bientôt élève en classe de terminale G3 au lycée technique de Koumassi à Douala, Fatima Chemega, n’échappera pas sans doute  pas à cette hausse  permanente de la scolarité.    En effet, selon elle,  l’écolage  pour la classe de terminale va passer cette année de 55 000 à 60 000 FCFA. Cette hausse, apprend-on, serait imputable aux frais d’APE (Association des parents d’élèves) qui   a augmenté de 5 000  FCFA. En clair, ils passent  de 10 000 à 15 000 FCFA.

Or, l’année dernière,  pour la classe de première G3, son père n’a déboursé que 43 000 FCFA.  Un montant auquel il faut additionner d’autres frais divers  tels 550 FCFA  pour aller retirer les bordereaux à la délégation, et 1 000 FCFA pour les demi-cartes photos.  « Je me souviens qu’on m’avait demandé 2 200 FCFA pour  acheter les timbres  à imposer sur les dossiers d’examens », se rappelle Fatima Chemega.   Dans la même logique, pour  inscrire sa petite sœur Maïmouna au lycée de Japoma, le père de Fatima Chemega a versé plus de  40 000 FCFA hormis scolarité. 

Emmanuel Dibokwe, pédagogue,   pense que d’une  manière évolutive, la scolarité a augmenté à cause de la loi du marché. « Il y a 25 ans, je suis entré au lycée en payant 2 000 FCFA », note-t-il.

 «C’est connu de tous qu’il faut verser une somme d’argent pour avoir une place au lycée »,  pense Olivier K., professeur de langue française.  Ce dernier  indique  par ailleurs, qu’actuellement dans les lycées,  le coût de l’écolage se situe autour de 45 000 FCFA pour les anciens élèves et 100 000 FCFA pour les nouvelles recrues.  

Aux dires des professeurs, cette somme d’argent permet aux enseignants en cours d’intégration (ECI) c'est-à-dire ceux n’ayant pas  encore de salaires, d’avoir de quoi se vêtir. Du côté des grandes écoles de formations, le constat est encore plus alarmant. A l’Institut universitaire du golfe de Guinée(IUG), ancienne Ecole supérieure de gestion(ESG), les  nouveaux étudiants de la filière journalisme payent désormais 360 000 FCFA pour la scolarité  et les inscriptions.  Une somme  en nette progression par rapport aux années antérieures. « Il y a 5 ou 6 ans, la filière journalisme au cycle Brevet de technicien supérieur (BTS)  à l’IUG coûtait 325 000 FCFA avec  inscription comprise », se souvient un ancien étudiant.  Tout comme à l’IUG, la pension pour les étudiants venus d’ailleurs pour s’inscrire en 3è année journalisme à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication(Esstic) coûte très chère. « Après avoir obtenu mon BTS, je me suis inscrit en 3è journalisme à l’Esstic où j’ai payé 600 000 FCFA », a dévoilé un journalisme sous le sceau de l’anonymat.  Cependant, ceux des étudiants qui commencent dès la première année, payent 50 000 FCFA par an. Un vrai contraste.

Christian Happi

 

Examens officiels

 

Les parents crient à l’arnaque

 

Les chefs des établissements scolaires entretiennent souvent le flou sur les frais des examens officiels.proba

Accusés d’être fixés arbitrairement par les chefs d’établissements, les frais des examens officiels  sont parfois source de nombreuses incompréhensions entre les parents d’élèves et les principaux des collèges de Douala. D’ailleurs,  Annie T. garde encore en mémoire la scène de l’année dernière. A l’en croire,  sa mère  s’était rendue dans son lycée pour avoir quelques clarifications concernant une somme d’argent  supplémentaire que demandait l’administration de l’établissement, au sujet du Brevet d’étude du premier cycle(BEPC). « Je devais  en avoir le cœur net ; je ne comprenais pas pourquoi on réclamait encore de l’argent alors que j’avais déjà payé », explique-t-elle aujourd’hui.  D’après elle, les responsables des établissements scolaires « volent » les parents. « L’année dernière, au moment de déposer mon dossier au probatoire, on m’a demandé 1 000 FCFA de plus », souligne Carine, élève au collège les Conquérants de Douala.  Au collège Fotso Daniel,  le flou est souvent entretenu sur les frais aux différents examens officiels, disent les élèves. Néanmoins,  il est de  13 500 FCFA pour les classes de première et 14 500 FCFA pour les terminales. « Ça c’est de l’arnaque. Comment se fait-il que les prix qu’on nous demande de cocher sur les dossiers soient à l’apposé de ce qu’on  exige », s’interroge un élève sous couvert anonymat. 

Par conséquent, « j’ai failli ne pas composer parce que mère ne voulais pas s’acquitter de cet argent », précise-t-elle.  Manuela est élève en classe de Terminale G3 au lycée technique de Koumassi.  Interrogée la semaine dernière, elle confie qu’elle a failli, tout comme Annie T., ne pas passer son examen l’année dernière. Car,  au cours de l’année scolaire, tandis que son père avait déjà versé l’intégralité des frais d’examen, on lui a exigé  une somme d’argent accessoire. « Je pense qu’on m’avait demandé 2 200 FCFA pour  acheter les timbres  à imposer sur les dossiers d’examens », dit Manuela. De plus,   indique un  autre apprenant, pour le probatoire G3,  ses parents ont dépensé 13 000 FCFA. Sans oublier 1 000 FCFA pour les demi-cartes photos. En fait, tentent d’expliquer certains enseignants,  ces  sommes complémentaires permettent  aux personnes en charge des dossiers de «se mouvoir sur le terrain pour  les faire signer».

D’un autre point de vue,  dans certains lycées de la capitale économique, les frais des examens sont exigés dès la rentrée scolaire. « Grande était ma surprise l’année dernière quand on m’a demandé de m’acquitter de l’argent des dossiers de mon garçon à la rentrée », dit Sabine.  Ce qui a pour conséquence de mettre en difficulté les parents. Bernard s’en souvient amèrement. « C’est vraiment dur pour les parents à la rentrée scolaire ; non seulement nous devons nous battre pour payer la scolarité, mais également se débrouiller pour donner l’argent des dossiers », pense-t-il.   Emmanuel Dibokwe, parent d’élève et pédagogue, souligne que « ces examens ont des délais d’inscription qu’on se doit de respecter ; raison  pour laquelle on exige  les frais dès la rentrée scolaire », analyse-t-il. Au-delà de cette contrainte de temps, certains professeurs développent la thèse selon laquelle  les parents   parfois cherchent à jouer sur la psychologie de l’établissement. « Il nous est arrivé dans les années intérieures de faire composer des enfants n’ayant pas finir leurs écolages », justifie un professeur.

Christian Happi  

 

Livres

 

Les prix en perpétuel hausse

 

L’augmentation est comprise entre 200 et 500 FCFA sur ce manuel scolaire. 

Au vue  de  leurs coûts dans les librairies,  on serait tenté de dire  que les prix des livres augmentent chaque année. En effet, en parcourant les marchés de Douala la semaine passée, force était de constater que même s’il est vrai que ces espaces marchands sont dans l’attente de la liste des prix homologués par le ministère du Commerce, il faut remarquer que les prix des livres ont grimpé. A l’instar du livre Grammaire du français  6è/5è qui coûte 5 560 FCFA, presque toutes les brochures scolaires ont subi des hausses. « Il y a trois ans, ce même livre valait 5 050 FCFA. Ça signifie qu’il a augmenté de 510 FCFA »,  Francky Moungoué, explique un libraire.

En outre,  le français au Cameroun 4è  qui se vendait, il y a encore peu à  3 200 FCFA  coûte aujourd’hui 3 400 FCFA, soit une hausse de 200 FCFA.  Concernant les « Majors » en maths pour la SIL et le CP,   les prix  qui étaient respectivement de 1600 et 1725 FCFA sont passés à 2 500 FCFA. Ce qui fait une fluctuation de plus ou moins 900 FCFA. Toujours les livres Majors, ceux des classes du cours moyens 1 et 2 se vendent à  3 000 FCFA l’unité  au lieu de 2 000 FCFA comme l’année dernière.  Quant aux maths  de la seconde C, A et première C,  elles coûtent respectivement 5 110, 4 550, 4 860 et 6 260 FCFA cette année. « Les livres secondes A et première C coûtaient 3 800 et 5 500 FCFA  l’an dernier », nous confie un libraire. On apprend également que le livre des maths des éditions Ciam pour la classe de 6ème,  et 5ème  se marchande à 4 660 FCFA et non plus 3 600 FCFA.

D’une façon générale, les prix des  livres ont progressé entre 200 et 500 FCFA.  Pour les libraires, Messapresse, « impose aux maisons d’éditions une marge de 40% sur les ventes ». Raison pour laquelle les prix des livres ne sont jamais stables.  De plus, commente un vendeur, chaque libraire  vend en fonction de son prix d’achat. « La grille des prix que propose le ministère du Commerce présente souvent des contradictions. Il arrive  qu’un prix soit au dessous du prix d’achat et aucun vendeur ne peut vendre un livre qu’il a acheté à 2 000 à 1 800 FCFA », raisonne-t-il.

Au-delà des librairies conventionnelles, il y a celles de la rue. Communément appelées « poteaux », les librairies de la rue  vendent des livres déjà utilisés.  Même s’il est vrai qu’on peut de temps en temps y trouver des livres en bon état. Christian Yegoué  vend depuis plus de cinq ans. Selon lui,  «  avant de fixer les prix de nos livres, nous tenons compte de ceux des librairies », confesse Christian Yegoué.  A la vérité, en ce moment où les livres valent chers dans les librairies,  ceux du « poteau » le sont également. A titre d’illustration, pour la prochaine rentrée scolaire, les prix des nouveaux lauréats en maths  et français pour les classes du CM1 et 2 coûtent 2 700 FCFA à l’unité, au lieu de 2 500 FCFA comme l’année dernière, soit une fluctuation de 200 FCFA. En cause,  le retrait sur les marchés des anciens. « On ne peut pas trouver les nouveaux au poteau car cette année qu’on les mis sur le marché », explique Christian Yegoué. En outre, le fascicule « bleu », livre de sciences, se vend à 8 000 FCFA et non 4 000 FCFA comme avant, pour les classes de première D, et 2 500 FCFA pour la première A.  Un changement de prix s’expliquant par  son introduction dans les programmes officiels, selon les vendeurs du « poteau ».

Christian Happi

 

 

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