Pesticides
La Suisse  accusé d'exporter des produits interdits vers le Cameroun
 Selon Public Eye, une ONG basée en Suisse,  le Paraquat et l’Atrazine  deux herbicides interdits dans l’Union européenne en raison de leur dangerosité pour la santé, ont été exportés en destination des pays en développement entre 2012 et 2016.
 C’est Public Eye,  une ONG basée en Suisse qui donne cette information. Quatre exportations de Paraquat et treize d’Atrazine,  deux puissants herbicides pourtant interdits sur le territoire helvétique, ont été enregistrées depuis la Suisse en destination des pays en développement entre 2012 et 2016.  Les pays concernés sont le Brésil, la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Pérou, la Thaïlande et surtout le  Cameroun, révèle l’ONG en s’appuyant sur des documents  confidentiels provenant de l’administration fédérale. Ces produits, fabriqués par le géant bâlois Syngenta qui « détient entre 40 et 50% du marché global du Paraquat et de l’Atrazine et dispose de plusieurs sites de production en Suisse. Il s'agit d’un quasi-monopole, puisque le premier concurrent de Syngenta n’atteint même pas 1% de ce marché », a affirmé dans les médias suisses Laurent Gaberell, responsable du dossier auprès de Public Eye.
Le Paraquat et l’Atrazine ont été interdits en Suisse et dans l’Union européenne en raison de leur dangerosité pour la santé et l’environnement, apprend-on. Ils font partie des pesticides les plus toxiques au monde et ne peuvent en aucun cas être utilisés de manière sûre dans les pays en développement. Le Paraquat cause chaque année des milliers d’empoisonnements. Il est lié à plusieurs maladies chroniques, dont la maladie de Parkinson, comme le montre un récent rapport. L’atrazine est  quant à lui, un perturbateur endocrinien qui affecte le système reproducteur et augmente les risques de cancer.
Si l’information rendue publique le 08 mai dernier  par Public Eye fait l’effet d’une bombe, elle ne surprend guère les experts camerounais Julbert Konango, le président de la Chambre d’agriculture pour le Littoral. « Notre marché est inondé par  des produits (intrants par exemple) d’origines douteuses. Il peut arriver qu’un pesticide interdit se retrouve sur le marché à cause des commerçants véreux qui vont l’acheter à vil prix.  Ils procèdent à toute sorte de la manipulation ; changent même parfois d’emballage », dit-il.  Un avis que ne partage  pas  la délégation régionale du ministère de l’agriculture et du développement rural. D’après M. Moussong Ezo’o,  le responsable bureau vulgarisation régionale, le Paraquat et l’Atrazine ne sont pas mentionnés  dans la liste des produits interdits actualisés le 09 mai 2017 par le Minader. Mais,  poursuit-il,  ils peuvent  passer par le marché noir pour se retrouver sur le territoire national.
 Mais comment se fait-il que ces pesticides se retrouvent dans ces pays alors même qu'ils sont interdits en Suisse et dans l’Union européenne?  Les autorisations de mise sur le marché de pesticides se font uniquement au niveau national selon Laurent Gaberell.  Cependant, en vertu de la  Convention de Bâle, apprend-on, la Suisse a l’obligation d’interdire l’exportation de déchets dangereux dans les pays signataires. Or plusieurs pays africains, dont le Cameroun, où ont été exportés ces deux pesticides, ont inclus dans leur définition des déchets toxiques les substances dangereuses frappées d’interdiction dans les pays de production. « C’est pourquoi nous demandons à la Confédération de respecter ses engagements et de mettre fin à ces exportations illégales », estime Laurent Gaberell.
Christian Happi
Intoxication
Les pesticides à l’origine de 200 000 décès chaque année
 Selon l’ONG suisse  Public Eye, les deux puissants herbicides exportés vers le Cameroun font partie des pesticides les plus toxiques au monde.
Chaque année,  nous apprend l’ONG Public Eye,  les pesticides entrainent le décès de quelque 200 000 par intoxication aiguë dont 99 % surviennent dans les pays en développement. Concernant  les deux puissants herbicides (Paraquat et Atrazine) exportés vers le Cameroun entre 2012 et 2016,  ils font partie des pesticides les plus toxiques au monde. « Le Paraquat provoque chaque année des milliers d’empoisonnements aigus et est lié à plusieurs maladies chroniques, dont celle de Parkinson. Quant à l’Atrazine, c’est un puissant perturbateur endocrinien qui affecte le système reproducteur et provoque de nombreux cancers », a confié Laurent Gaberell, un responsable de Public Eye.  Même son de cloche chez les rapporteurs spéciaux des Nations Unies qui affirment que « le fait d’exposer la population d’autres pays à des toxines dont il est avéré qu’elles provoquent de graves problèmes de santé, et peuvent même entraîner la mort, constitue une violation des droits humains ».
A la vérité, la Suisse a l’obligation d’interdire l’exportation de Paraquat, d’atrazine et de tout autre pesticide dangereux dont l’usage est interdit sur le sol helvétique en vertu de la Convention de Bâle. Et surtout que le Cameroun est signataire de la Convention de Bamako qui considère comme déchets dangereux « les substances dangereuses qui ont été frappées d’interdiction [...] dans les pays de production pour des raisons de protection de la santé humaine ou de l’environnement ».
 Quoi qu’il en soit, le Paraquat et l’Atrazine ne sont pas dangereux aux yeux de Syngenta, le leader mondial des pesticides. Le Paraquat figure, depuis un demi-siècle, parmi les herbicides les plus efficaces et les plus bénéfiques pour l'environnement au monde nous renseignent les médias helvétiques. Il a aidé des millions d'agriculteurs à rester productifs et compétitifs. Aujourd'hui, le Paraquat est enregistré pour une utilisation dans de nombreux pays développés et en développement du monde entier, y compris dans les principaux marchés agricoles, qui appliquent des systèmes de réglementation parmi les plus exigeants, comme les États-Unis, l'Australie et le Japon. Quant à l'atrazine, « aucun examen scientifique réalisé dans l'Union européenne n'a soulevé de préoccupation quant à la sécurité de l'atrazine pour les utilisateurs, les consommateurs et l'environnement », conclut l’ONG dans son communiqué.
 C.H.

 

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