BIP 2016
Le Centre se taille la part du lion
Cette région, comme l’année précédente, s’est vue attribuer  la  plus grosse enveloppe dédiée aux projets soit plus de 535 milliards de FCFA.
La liste définitive  des projets  à réaliser sous financement du Budget d’investissement public(BIP) 2016 est disponible depuis  la semaine dernière dans les colonnes des journaux.   Parmi  les 10 régions qui doivent bénéficier du « gâteau national », le Centre, comme l’année d'avant (157, 690  milliards FCFA),  s’est taillé la part du lion avec  plus de 535,694 milliards de FCFA (montant AE)  sur  les 1 525,8 milliards de FCFA  arrêtés par le gouvernement camerounais. Comment comprendre cette disparité dans les montants affectés  aux régions ? A cette question,  les  économistes   pensent qu’il peut s’agir d’une indication des régions prioritaires pour le gouvernement même si, « cela peut paraitre étonnant quand on sait que le BIP de l’Extrême Nord, une des régions le plus à la demande est fixé 31, 852 milliards. Etonnant d’autant plus que cette zone est censée abritée un plan d’urgence spécifique, bénéficier aussi du plan d’urgence triennal s’appliquant à toutes les régions et abriter un plan spécial d’aménagement de l’Extrême Nord. C’est la région qui a la plus grande proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté d’après les résultats d’ECAM 4. Plus révélateur de cette incohérence, la proportion de pauvres dans l’Extrême Nord ne fait qu’augmenter. Elle est passée de 56,3 % en 2001 pour passer à 65,9 % en 2007 et culmine à 74,3% en 2014 », analyse Franck Essi, économiste.
Lui et autres observateurs s’accordent à dire  que cette dotation du BIP n’a pas pour objectifs de réduire les inégalités de développement économique, social et infrastructurel entre les régions.  Ce que ne dément  pas Dieudonné Essomba, économiste.   La région du Centre   bénéficie de la plus grosse enveloppe parce  qu’elle est le siège  de plusieurs institutions républicaines notamment les ministères, rappelle-t-il avant de préciser que le Centre contient Yaoundé qui est la capitale du Cameroun. "Il existe des projets liés à la Présidence, le Premier ministère, le Sénat, l'Assemblée nationale, et ainsi de suite... qu'on ne retrouve pas ailleurs. C'est cela qui gonfle le budget du Centre ».
L’argent prévu pour la région du Centre est dédié   à des secteurs comme les infrastructures, les transports, l’eau, l’énergie, les mines et l’agriculture.  A titre illustratif, l’équipement du stade Hamadou Ahidjo  de Yaoundé à hauteur de 780 millions de FCFA, le renouvellement de sa pelouse et piste d’athlétisme pour la somme de 1,220 milliards sont  entre autres  chantiers inscrits dans la liste des projets. Pareille  pour la riziculture  mécanisée  dans la localité d’Avangane qui coûtera la somme de  50  millions de FCFA au trésor public.  
 De même,   l’État  a prévu avec l’appui des financements extérieurs (FINEX)   de construire des infrastructures socio-économiques en matière de pêche et d’aquaculture (coopération avec la BAD)  au cours  de cette année. Le coût des travaux  est de 350 millions. Avec le projet d’alimentation  en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs à partir du fleuve Sanaga pour 40 millions de FCFA, le problème  de pénurie d'eau trouverait un début de solution dans la capitale politique.
Christian Happi
Franck Essi
«  On veut rattraper les déséquilibres enregistrés dans les exercices passés »
« Cette différence peut s’expliquer par une volonté de rattraper des retards ou des déséquilibres enregistrés dans les exercices passés. Retards accusés dans l’exécution du BIP. L’idée ici étant que le gouvernement a systématiquement reconduit des projets non mis en œuvre lors des exercices écoulés. Ceci signifierait que la région du Centre aurait enregistré des taux d’exécution du bip plus faibles que les autres régions. Est-ce le cas effectivement ? Au 30 juin 2015 le Centre était manifestement la région la moins efficace dans l’exécution du BIP. En effet, si on s’en tient aux statistiques officielles du Minepat, le Centre enregistrait un taux de 8,31 % d’exécution physique tandis que le Littoral avait 13,60% et l’Extrême Nord 24,11 %. La première région étant le Nord-Ouest avec 51,29 %.On comprend donc que le montant du BIP 2016 dans la région du Centre peut s’expliquer par un besoin de rattrapage des projets non exécutés dans les exercices écoulés. En guise de conclusion,  je dirai que la région du Centre, siège des institutions, est le plus mauvais élève de la République en matière d’exécution du BIP. Les résultats indiquent que cette région, plus que les autres, éprouve des difficultés dans la mise en œuvre de projets pour le bien-être social et économique des populations. Ce malgré le fait qu’elle concentre de manière inéquitable plus de moyen que les autres régions du pays telles que le Littoral et l’Extrême Nord ».
 Propos recueillis par C.H.
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